Contrairement à l'annonce initiale, les deux lignes démarrent en même temps. Des négociations en cours avec la société d'autobus Staréo pour l'émission d'un billet unique. Sur les 44 rames attendues, 38 ont déjà été livrées par Alstom. Trois ans et demi après le début des travaux, le tramway deviendra une réalité pour les 2 millions d’habitants de Rabat-Salé. Il sera opérationnel à la fin du mois de juin. C’est ce qu’on apprend auprès de Lemghari Essakl, Pdg de la société du tramway de Rabat et par ailleurs DG de l’Agence d’aménagement de la vallée du Bouregreg. Il explique, pour ceux qui s’impatientent, que le retard est dû essentiellement au souci d’assurer le maximum de sécurité au moment de l’exploitation et d’arriver à une mobilité optimale. Toutefois, des études avaient été déjà réalisées pour éviter tout dysfonctionnement. En d’autres termes, «le tramway de Rabat-Salé s’inscrit dans le cadre d’un projet global d’aménagement du territoire dans l’intérêt public», souligne M. Essakl. Dans le cas présent, le maître d’ouvrage a choisi de ne pas déléguer la construction des infrastructures à un tiers et de s’en occuper lui-même. «C’est le premier projet du genre au niveau national, et le Maroc manquait d’expérience en matière de Transport en commun en site propre (TCSP), c’est-à-dire empruntant un espace qui lui est réservé, il est donc normal que nous rencontrions des difficultés», plaide-t-il. C'est en décembre 2007 qu’a été donné le premier coup de pioche pour la construction du réseau de tramway de la capitale. Il comprendra 2 lignes sur une longueur totale de 20 kilomètres sur lesquelles circuleront 44 rames de 30 mètres de long chacune pour desservir 32 stations en tout. Chaque paire de rames (22 en tout) sera d’une capacité de 560 passagers dont 118 places assises. Les travaux qui ont duré trois ans ont nécessité un investissement de 3,8 milliards de DH dont un peu plus d’un milliard (107 millions d’euros) pour l’acquisition du matériel roulant. Ce dernier est fourni par le leader français Alstom qui avait remporté le marché à la suite d’un appel d’offres international. Mohamed Moujahid. La Vie éco 2011-04-06
A présent, le projet en est au stade ultime des essais et à la finalisation de l’installation du réseau de signalisation, «une tâche qui représente à peine 2% de la consistance globale du projet...», fait remarquer Lemghari Essakl. Autant dire les derniers réglages, mais là encore, vu le nombre d’intervenants, il n’est pas exclu qu’il y ait de petits problèmes dans la coordination. Il faut savoir, précise M Essakl, que dans tous les pays qui ont opté pour ce genre de transport, les essais durent au minimum 6 mois. En somme, rien de rédhibitoire pour un projet d’une telle envergure.
Autre cause du retard, la décision a été prise de démarrer en même temps les deux lignes du tramway, soit 20 km, au lieu de procéder en deux étapes, comme annoncé au départ. Pour ce faire, il fallait attendre que les travaux du pont Moulay Hassan sur le Bouregreg et ceux du tunnel sous les Oudayas, soient achevés pour que les trois ouvrages soient inaugurés en même temps, «ce qui est pratiquement le cas aujourd’hui», précise le PDG de l’Agence d’aménagement du Bouregreg.
Des cartes d’abonnement mensuel à 250 DH
En attendant, la quasi-totalité du matériel roulant est livrée par le constructeur français Alstom. Sur 44 rames qui feront 30 mètres de long chacune, 38 ont déjà été réceptionnées. Le reste, soit 6 rames, le sera dans les semaines qui viennent.
En ce qui concerne les moyens humains, les conducteurs, contrôleurs et agents du centre de maintenance qui se trouve à Hay Karima (Salé) ont été recrutés et formés par la société exploitante, en l’occurrence Transdev, filiale de la Caisse de dépôts et consignation (France), qui a remporté, en mai 2010, le marché d’exploitation et de maintenance du tramway. Ce contrat de 800 MDH a été signé en juin 2010. Il court sur une durée de 6 ans, à compter de la date du début d’exploitation, renouvelable une fois.
Le tramway va complètement transformer le paysage urbain de Rabat et Salé, et, surtout, il va permettre de décongestionner la ville, si les populations consentent à ne plus prendre systématiquement leurs voitures. On espère que cette idée va entrer progressivement dans les habitudes, eu égard au prix du ticket qui ne devrait pas excéder les 7 DH. Mais il faudra surtout que les horaires soient respectés et la continuation vers les quartiers non desservis des deux villes facilitée.
Des négociations sont aujourd’hui en cours avec la société d’autobus urbains Stareo, pour assurer une connectivité entre les deux modes de transport avec un billet unique valable dans les bus et le tramway. D’autres négociations ont lieu aussi avec les administrations pour l’émission d’une carte d’abonnement mensuelle de 250 DH.
Le tramway de la capitale administrative vise à transporter environ 170 000 voyageurs par jour, soir 40 millions de personnes par an. Les études prévoient 80 millions, trois ou quatre années après le début de l’exploitation. Les initiateurs ne visent pas une rentabilité économique à terme, sachant que ce genre de transport est partout subventionné dans le monde, mais plutôt la qualité du service. La société exploitante devrait toutefois faire face à ses charges et être en mesure de rembourser ses emprunts.Fiche technique : Trois ans de travaux, 3.8 milliards de DH investis
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